Connectivité Internet : Les freins qui persistent

La couverture, l’abordabilité des services et des équipements, la culture numérique et la disponibilité du contenu sont les éléments nécessaires au bon développement de la connectivité.

“La Tunisie est classée 66e en termes de connectivité mobile. Pour l’internet mobile, on est parmi les pays les mieux connectés que ce soit en matière de couverture ou de bande passante”, a affirmé Hassen Harrabi, conseiller du ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale lors de la conférence en ligne “Connectivité : la Tunisie face à l’impératif digital”, organisée, jeudi 21 janvier par Digital Africa Live, en partenariat avec Facebook. Animé par Karim Koundi, associé au sein du cabinet d’audit et de conseil Deloitte, le webinaire s’inscrit dans le cadre d’une série de conférences en ligne, organisées dans l’objectif de traiter des sujets liés à la transformation digitale en Afrique.

Dressant l’état des lieux de la connectivité en Tunisie, M.Harrabi a affirmé qu’en matière de connexion fixe très haut débit, le pays est à mi-chemin avec un taux de couverture de 50%, contrairement à la connexion mobile dont le taux de couverture est compris entre 80% et 90%.Le taux de pénétration d’internet dépasse à peine les 60%. «L’inclusion numérique est devenue une priorité pour les Etats et c’est un défi qui peut être relevé à travers la connectivité», a-t-il indiqué. Toujours, par rapport à l’infrastructure digitale, le conseiller du ministre des Technologies a souligné, qu’en dépit du bon développement des data centers en Tunisie, ces derniers demeurent sous-exploités. “Il y a un travail à faire aujourd’hui pour relancer la dynamique au niveau des data centers à travers la connectivité non seulement territoriale, mais aussi internationale”, a-t-il précisé.

72e place, mais peut mieux faire

De son côté, le secrétaire général de l’Organisation arabe des technologies de l’information et de la communication, Mohamed Ben Amor, a pointé du doigt l’amalgame qui existe entre la connectivité et la couverture, lequel amalgame ressort, selon ses dires, dans les stratégies. Il a expliqué que la couverture n’est qu’un des quatre éléments nécessaires au bon développement de la connectivité, l’abordabilité des services et des équipements, la culture numérique qui permet de bénéficier des technologies à travers l’utilisation des Smartphones et des PC, et la disponibilité du contenu. M.Ben Amor a fait savoir que, selon une étude réalisée en 2020, par le leader mondial du transport et de la logistique DHL, la Tunisie est classée 72e sur 169 pays et 8e dans la région arabe, en termes de connectivité. Il a ajouté que l’inclusion numérique et la réduction des fractures digitales sont un défi à relever et que la connectivité est un élément essentiel pour atteindre cet objectif. Il a précisé qu’une prise de conscience de la part de tous les dirigeants est indispensable pour réussir la transformation digitale, notant qu’il y a beaucoup de carence dans la mise en œuvre des stratégies.

De nouveaux segments du marché du digital

“En termes de connectivité, la Tunisie fait mieux que la moyenne mondiale et régionale. Le taux mondial des utilisateurs mobiles est de 67%, alors qu’il est de 70% dans la région du Nord de l’Afrique et de 77% en Tunisie”, a indiqué, pour sa part, le directeur général des affaires réglementaires de Ooredoo, Mohamed Abbès. Il a ajouté que plusieurs freins au développement de la connectivité persistent. Il s’agit, notamment, d’une taxation élevée impactant les prix, mais aussi d’un manque de contenu développé localement.  Selon Abbès, tout l’enjeu de la transformation digitale du pays réside dans une vision d’avenir claire et identifiée. “Durant les quatre dernières années, la 5G a fait l’objet des préoccupations des pays arabes au sein de la GSM Association. Et à chaque fois qu’ils demandaient des recommandations sur le déploiement de cette nouvelle technologie, on insistait sur l’importance et la nécessité d’avoir une vision dont découle la stratégie. Il me semble que la stratégie a été amorcée avec Nooman Fehri, et a été poursuivie avec Anouar Maarouf. Et il faut qu’il y ait une volonté politique pour pouvoir l’implémenter”, a-t-il conclu. Evoquant les produits développés par Facebook, depuis 2012, dans l’objectif d’améliorer la connectivité dans plusieurs régions du monde, Hakim Bennis, responsable de la connectivité et du mobile sur la région Europe du Sud et Afrique du Nord au sein de Facebook, a fait savoir que le réseau social travaille en collaboration avec 200 opérateurs mobiles sur des programmes qui visent à démocratiser l’accès à internet et donc améliorer l’accès au service. Il a affirmé que Facebook collabore avec des équipementiers de téléphone Android et iOS, afin de pouvoir mettre, à disposition des consommateurs, des mobiles basiques avec une connexion 4G et des services de réseaux sociaux, et ce, dans l’objectif d’augmenter l’accès aux services.

“Aujourd’hui, il y a des téléphones avec connexion 4G et des services Facebook, Whatsapp, Google, etc. qui se vendent à 35 dollars ”, a-t-il précisé. Il a ajouté que le géant des réseaux sociaux s’est penché sur le développement de nouvelles technologies, notamment radio, dans l’optique de remplacer la fibre, renforcer l’infrastructure de la connectivité, atteindre des zones où il est difficile de déployer le haut débit et co-construire un écosystème de la demande qui implique l’opérateur, l’usager et l’équipementier. «Ces nouvelles technologies qu’on développe, on les met à la disposition des équipementiers de manière gratuite”, a-t-il noté.

5G et souveraineté numérique ?

En termes de contenu, il y a beaucoup de travail à faire dans la région Mena, et particulièrement en Tunisie, estime-t-il, étant donné que la plupart des contenus sont produits en Europe et aux Etats-Unis. Il a ajouté que Facebook s’est penché sur des solutions de paiement à travers les réseaux sociaux. “On a lancé des outils qui permettent aux entreprises d’avoir des vitrines virtuelles. Le paiement et les services financiers sont un pilier important de la transformation digitale et on est en train de voir si un de nos services peut être un canal pour ce genre d’application comme, par exemple, faire le paiement au Brésil et en Inde à travers Whatsapp”, a-t-il précisé.

S’agissant des tendances, tous les intervenants se sont mis d’accord que la 5G est le défi d’avenir. “On est en train de travailler sur la stratégie de déploiement de la 5G et on s’est fixé fin 2022 comme date de lancement. On prévoit également d’explorer la piste de la connexion par satellite, pour les zones blanches où l’investissement dans la couverture peut ne pas être intéressant”, a affirmé Hassen Harrabi, à ce sujet, soulignant que la cybersécurité constitue un axe stratégique, d’autant plus qu’avec la 5G, “elle dépasse la notion purement technique pour s’inscrire dans un cadre de souveraineté numérique”.

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